Boosters d’apport : Quel recours ? Dans quelles conditions ?

Grâce aux boosters d’apport, les pharmaciens qui disposent de peu de fonds propres sont beaucoup moins limités que par le passé dans le choix de l’officine à acquérir.

Indications et contre-indications du booster d’apport

L’acquéreur doit avoir un recours raisonné aux booster d’apport. Un booster d’apport vise à compenser une faiblesse d’apport mais n’a pas vocation à payer un surprix. Il doit être retenu dans des conditions normatives, par conséquent, il ne doit pas être détourné de son objet premier et se transformer en booster de prix. En aucun cas, il doit servir à minorer l’emprunt bancaire, dans le cas où un dossier avec une quotité de financement de 100% est rejeté par la banque.

Un prêt accessoire à rembourser

Le booster d’apport ne remplace par l’apport de l’acquéreur. Ce complément d’apport reste un prêt, représente un endettement supplémentaire et doit faire l’objet d’un remboursement.
Attention au risque de surendettement lié au cumul des emprunts et à un recours exagéré au booster d’apport ! Selon que le différé d’amortissement du capital de l’emprunt est de 3 ans, 7 ans ou plus, l’échéance de remboursement va venir plus ou moins en concurrence avec la dette principale de la banque mais il est possible en cours d’exploitation de la moduler en fonction de la situation de la trésorerie de l’officine. Si le différé de remboursement d’emprunt du booster venait à s’allonger dans le temps, cela pourrait diminuer la capitalisation du pharmacien lors de la revente.

Un taux plus élevé que celui de la banque

Les taux d’intérêt des boosters d’apport sont plus élevés que ceux des banques. La raison est simple. Les groupements et répartiteurs qui développent des boosters d’apport prennent un risque financier car ils se portent caution de ce prêt complémentaire en cas de défaillance de l’emprunteur. Pourquoi de telles offres destinées aux primo-accédants ? Les groupements voient dans cette aide à l’installation les moyens de faire croître leur réseau et les répartiteurs de renforcer les liens qui les unissent à leurs clients. Une fois le jeune installé, il faut savoir qu’ils lui demanderont des contreparties…

Concurrence avec l’aide d’un associé investisseur

Ce nouveau mode de financement se développe au détriment des associés investisseurs car il permet une capitalisation plus importante si le différé de remboursement d’emprunt du booster est court, et garantit l’indépendance professionnelle du pharmacien gérant de la SEL. Cependant, l’installation avec l’aide d’un pharmacien investisseur prenant une part minoritaire dans le capital de la SEL du jeune titulaire fonctionne depuis plus de 30 ans. Si les règles précisées dans les pactes d’associés sont respectées, le jeune exploitant de la SEL conserve son indépendance financière et professionnelle.

Des prêts sous quelles formes ?

Les booster d’apport prennent le plus souvent la forme de prêts accordés à la SEL (durée de 5 à 15 ans), plus rarement au primo-accédant à titre personnel (pour lui éviter de prélever le remboursement d’emprunt sur sa rémunération personnelle). Il peut s’agir d’un prêt classique, d’un prêt participatif (boosters conventionnés Interfimo/groupements et Interfimo/répartiteurs, autres boosters non-conventionnés Interfimo…), d’emprunts obligataires simples ou convertibles en actions.
Par exemple, le fonds CAVP complète, sous la forme d’un financement subordonné (afin que celui-ci soit considéré par le banquier principal comme un apport), le plan de financement des pharmaciens primo-accédants ne pouvant réunir seuls la totalité du montant de l’apport nécessaire à l’acquisition de leur outil de travail. Ce prêt est in fine (12 ans de différé de remboursement) de telle sorte qu’il s’intercale harmonieusement avec celui de la dette principale de la banque, une fois qu’elle est éteinte. Aucun frais n’est facturé aux emprunteurs, aucune garantie ne leur est demandée. Ce prêt est toutefois assorti de contraintes juridiques et financières.

OCA : précautions d’emploi

Les obligations convertibles en actions (OCA) sont assorties d’une prime de non conversion. Ces montages sont souvent proposés par des fonds d’investissement. Ceux à visée purement spéculative peuvent conduire à des abus (taux d’intérêt confiscatoire des bénéfices pour l’exploitant, prime de non-conversion élevée, aliénation de l’indépendance professionnelle du pharmacien…). Il importera donc de parfaitement décortiquer les modalités d’un contrat obligataire avant de s’engager.

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