Etude Interfimo : Prix de cession en baisse, volume des transactions en hausse

L’an dernier, une page de l’économie de l’officine s’est tournée. La croissance de l’activité n’est plus portée par l’effet Covid mais par la progression indéfectible des ventes de médicaments chers mais peu margés (5% en moyenne). Le nouveau cycle d’activité qui a pris place renoue avec des standards plus conformes à l’activité traditionnelle d’une officine (+2,4% du CA HT en 2023, selon les statistiques de l’édition 2024 d’Interfimo sur les prix et valeurs des pharmacies, 939 dossiers de transmission étudiés).

Années Covid : un lourd héritage à porter

Le retrait des activités Covid a laissé des traces au niveau des évolutions de la marge en volume (baisse de 7%) et du taux de marge (-3,1 points à 29,5% du CA HT). L’héritage est lourd également au niveau des frais de personnel : il a fallu embaucher à des coefficients très élevés pendant la crise sanitaire puis effectuer des opérations de rattrapage des salaires pour les équipes en place. Et aujourd’hui, les pharmaciens titulaires conservent leur sureffectif par peur d’un départ qui serait difficile à remplacer.
La situation s’est complexifiée par l’accéléra¬tion de l’inflation, la hausse des charges et la remontée des taux d’intérêt, concourant à créer un effet de ciseau qui impacte fortement l’excédent brut d’exploitation ou EBE (-4 points à 9,7% du CA HT).

Les prix n’ont pas résisté

Ce nouveau paradigme a fini par rattraper le marché des transactions au cours du second semestre 2023 qui amorce une baisse importante du prix de cession moyen d’une officine en pourcentage du CA HT (hors activité Covid), pour finir sur l’année 2023 à une moyenne de 84% (-3 points versus 2022) pour les officines de plus de 1,2 M€ de CA et de 59% (- 5 points) pour celles de moins de 1,2 M€ de CA. La baisse est également générale (toutes tailles et typologies confondues) et importante dans les valorisations en multiple de l’EBE « reconstitué » (avant rémunérations et cotisations sociales des titulaires cédants). Le prix de cession moyen s’établit à 6,4 fois l’EBE (-0,3 point) pour les officines de plus 1,2 M€ de CA et à 5,3 fois l’EBE (-0,1 point) pour les officines de moins de 1,2 M€ de CA, cette dernière baisse étant portée principalement par les pharmacies rurales.
Pour sa 33e édition, l’étude Interfimo propose une nouveauté : une approche des prix de cession en multiple de la marge commerciale brute dont l’intérêt est de prendre en compte l’impact des produits chers sur la rentabilité de l’officine. La taille est là-aussi un critère déterminant du prix de cession. Pour les officines de moins de 1,2 M€, il est en moyenne de 1,9 fois la marge avec 60% des opérations comprises entre 1,3 et 2,4 fois la marge et pour celles de plus de 1,2 M€ de CA, il est de 2,7 avec 60% des cessions entre 2,3 et 3,3 fois la marge. Quelle que soit la méthode de valorisation utilisée, les disparités s’amplifient entre petites et grandes officines et celles dans les régions subsistent.

Un marché en pleine vitalité

Grâce à des prix de cession qui s’adaptent à la rentabilité des officines, le marché est resté dynamique l’an dernier, sous l’effet d’un nombre record des départs en retraite (1820, +4% vs 2022, source : CAVP) et du nouveau dispositif de l’amortissement temporaire du fonds commercial sur 10 ans incitant à la reprise d’un fonds : +8% de mutations à 1606 opérations contre 1490 en 2022.
Selon les prévisions, le marché restera actif en volume sur l’année 2024 et suivantes en raison des mouvements de départs en retraite à l’origine de 25% des mutations dans les 5 prochaines années, et avec la baisse déjà amorcée des taux d’intérêt.
L’année 2024 devrait être une année charnière avec une poursuite de l’ajustement des prix au vu de la présentation de bilans 2023 moins « reluisants » qu’en 2022 et 2021.

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